Attitude prévention Qualité de Vie au Travail

L’ISOLEMENT AU TRAVAIL RIME AVEC ÉPUISEMENT

Dirigeants comme salariés, personne n'est épargné par l'isolement au travail

Quand isolement rime avec épuisement côté pro

Aujourd’hui, beaucoup de salariés communiquent avec leurs collègues, managers et clients via e-mails, téléphone, messagerie instantanée ou outils collaboratifs comme Slack. Pour ceux qui travaillent chez eux 5 jours sur 5, les échanges en face-à-face sont parfois très rares voire inexistants. Certains de ces freelances ou salariés en 100% télétravail ne connaissent pas les discussions entre collègues autour de la machine à café ou pendant les pauses déjeuner.

Mais si l’on a plutôt tendance à associer la solitude au télétravail, les salariés entourés de collègues et qui se rendent au bureau tous les jours peuvent eux aussi être touchés par ce sentiment de solitude, même ceux travaillant en open-space. En fait, tout le monde peut potentiellement ressentir ce vide relationnel à un moment donné dans sa carrière. Par ailleurs, l’hyperconnexion et l’absence d’interactions directes ont un impact négatif sur la sensation de bien-être au sein de l’entreprise et par extension sur la performance au travail.

ISOLEMENT RIME AVEC ÉPUISEMENT

Quand isolement rime avec épuisement côté perso

Au-delà de l’effet néfaste sur l’entreprise, la sensation d’isolement a des conséquences sur la santé mentale de l’employé. En effet, se sentir coupé des autres peut provoquer des troubles anxieux ou encore une dépression, entraînant parfois des arrêts maladies. Le sentiment de solitude peut également détériorer l’ambiance globale au travail ainsi que les performances de l’équipe de ce salarié.

Pourtant, parfois, une seule relation de qualité avec un collègue ou un manager peut faire toute la différence. De bonnes relations humaines favoriseraient d’ailleurs la performance et de meilleurs résultats de l’entreprise.

La solitude dans un environnement social hostile est devenue l’un des événements majeurs dans la genèse de la souffrance au travail et dans la déstabilisation de l’équilibre psychique.

(Christophe Dejours, 2012)

QUELLES SOLUTIONS POUVONS-NOUS METTRE EN PLACE ?

Concrètement, que faire pour rompre l’isolement et (re)construire la relation ? 

  • Prendre conscience de la montée de son propre isolement professionnel, ou de sa solitude, et ne pas sous-estimer ou nier ce ressenti.
  • Soutenir la personne concernée face à cette difficulté puisque c’est le sentiment de ne pouvoir compter sur personne qui fait le lit de l’isolement professionnel.
  • Privilégier les échanges en face à face pour ré humaniser la relation. Les salariés qui échangent en face à face avec plus de 3 collègues par jour sont presque deux fois moins nombreux à souffrir de solitude (21 % vs 36 %).
  • Promouvoir le travail collaboratif car la fréquence du travail en équipe est directement corrélée au bien-être au travail.
  • Repenser l’espace de travail pour réinsuffler une dynamique collaborative. L’aménagement des bureaux impacte directement la qualité des relations. Le format idéal pour favoriser le plus les échanges positifs et constructifs est un bureau partagé par 2 à 6 personnes.

QUE DIT LA PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL SUR L'ISOLEMENT AU TRAVAIL ?

Aujourd’hui, nombre de travaux en psychodynamique du travail convergent vers
l’analyse d’une érosion des rapports d’entraide et de solidarité au travail, le développement de relations de compétition et de méfiance réciproque, et un isolement croissant de chacun qui fait le lit d’une montée de la solitude et des troubles associés.

Ainsi, la question du harcèlement moral au travail ne serait pas nouvelle, mais dans un contexte de dégradation du « vivre ensemble au travail », chacun peut se trouver seul en butte à l’injustice ou la maltraitance. Christophe Dejours analyse plus globalement ces « pathologies consécutives non seulement à un harcèlement ou à une persécution, mais à un contexte de solitude résultant solidarité et du collectif de travail». De même, les travaux sur les suicides au travail indiquent que ceux-ci sont la conséquence d’un niveau ultime de solitude dans un tel contexte de désolidarisation des collectifs de travail et donc de fragilisation des stratégies défensives. Le suicide au travail est identifié comme l’expression de la déstructuration de la communauté de travail et des liens à autrui.

Ils ne sont pas, dans la majorité des cas, le fait d’individus isolés ou mis à l’écart, mais ils traduisent une profonde solitude affective.

Cette solitude que Hanna Arendt a théorisée sous le terme de « désolation » et qui est reprise par la psychodynamique du travail s’éprouve dans « le sentiment d’inutilité, de non-appartenance au monde, dans l’abandon par autrui, dans le déracinement, dans le sentiment de se faire défaut à soi-même ».
d’une stratégie d’isolement par une technique de management visant la désagrégation de la solidarité et du collectif de travail»

Pour aller plus loin :

Et si nous privilégions la meilleure façon d’échanger à celle qui va le plus vite ? Et si nous décidions à nouveau de prendre soin du lien social en remplaçant une organisation du travail solitaire par une organisation du travail solidaire ?

LA FIN DU SILENCE D'ÉPUISEMENT CHEZ LES DIRIGEANTS